A la demande de Grand Cognac, le service régional de l’archéologie a prescrit ce diagnostic afin que le projet de restauration du château prenne en compte au mieux les vestiges mis au jour, le chantier de fouilles a d’abord surpris par son exceptionnelle richesse. Chaque sondage s’est révélé fructueux, ce qui a conduit à allonger de 4 jours la durée initiale du chantier.
Trois professionnels de l’INRAP ont travaillé à temps plein sur ces fouilles préventives. A cette équipe s’est ajouté un conducteur de pelleteuse spécialisé dans ce type d’intervention ; cela requiert en effet un vrai savoir-faire de manipuler un engin de 20 tonnes au plus près des archéologues qui travaillent sur le site. Un topographe-archéologue a également cartographié le site au fur et à mesure des découvertes à l’aide d’un procédé permettant une reconstitution 3D du site sur ordinateur.
Au terme de ce chantier, un premier diagnostic a pu être posé par l’équipe dirigée par Adrien Montigny. Il a déterminé en particulier la localisation des principaux vestiges et permettra d’orienter le projet de restauration pour favoriser leur préservation.
Une occupation humaine ancienne
Toutes les découvertes vont dans le sens d’une occupation humaine du site très ancienne, vraisemblablement depuis la fin du VIIIème siècle et permettent aujourd’hui de documenter une période encore méconnue de l’histoire du château, faute de sources anciennes fiables.
La base d’une tour rectangulaire, qui pourrait s’apparenter à un donjon d’époque médiévale, a ainsi été mise au jour. C’est également le cas d’une enceinte très bien appareillée. Un tel système défensif, insoupçonné jusqu’alors, laisse penser que le château de Bouteville a constitué une place forte majeure. Le château était ainsi probablement protégé par une barbacane entourée de son propre fossé. Il s’agit d’un élément de fortification avancée, devant la façade sud actuelle.
Des vestiges de constructions agricoles sont venus compléter cet exceptionnel panorama.
Un autre point se confirme : l’histoire mouvementée du château qui a connu constructions et destructions successives.
Un nouvel éclairage sur l’histoire du château
Si le château offre de belles découvertes, il pose aussi de nouvelles questions…
C’est la raison pour laquelle Jérôme Sourisseau, Président de Grand Cognac, Nicole Roy, Vice-présidente en charge de la culture ont exprimé le souhait que des fouilles soient reprogrammées par la suite.
Ce diagnostic archéologique préventif apporte déjà un nouvel éclairage sur ce site qui fût l’un des principaux domaines des comtes d’Angoulême et permet de prendre en compte tous ces vestiges pour le projet de restauration du château. D’un montant de 2, 7 millions d’euros au total, le projet est ambitieux. Il est mené sous la houlette de Denis Dodeman, architecte en chef des Monuments historiques.
Au sein de l’aile est, la salle de réception, sera restaurée entièrement. Côté ouest, il s’agira de refermer l’esplanade du château en restituant le porche aujourd’hui en ruine. La partie de l’édifice au nord, se verra restaurée au niveau de la toiture et de la charpente. Enfin, à l’emplacement de l’aile sud, presque entièrement disparue aujourd’hui, une construction contemporaine, viendra compléter l’ensemble de l’édifice.